En Flandre, la réforme du calendrier scolaire se fait attendre. Ben Weyts (N-VA), le ministre en chargé de l’Enseignement en Flandre, a d’autres chats à fouetter en ce moment. Ses grands défis sont l’application dans les écoles des objectifs finaux (eindtermen ), l’amélioration de la qualité de l’enseignement en baisse depuis quelques années selon l’étude Pisa et, surtout, la gestion de la pénurie d’enseignants. Le Covid a laissé des traces. Beaucoup d’enseignants flamands sont épuisés par un an et demi de cours à distance. Interrogé sur une éventuelle réforme du calendrier des vacances scolaires en Flandre, le ministre se dit “prêt à ouvrir un débat de fond sur la question tout en disant qu’il met toute son énergie en ce moment à gérer ces dossiers qu’il juge prioritaires” .
L’impact sociétal
La question d’une possible réforme du calendrier des vacances scolaires a refait surface en Flandre au printemps dernier. La plupart des experts se disent favorables à cette réforme qui est, du point de vue didactique en tout cas, une bonne chose pour les élèves. Beaucoup de Flamands semblent franchement favorables à une réforme telle que les francophones l’ont décidée. Mais pour l’heure, rien ne bouge, le débat n’est même pas lancé. Pourquoi ?
D’abord parce que le ministre a jugé que le moment n’était pas opportun. Le corps enseignant est à bout de ressources, la pandémie a laissé des traces… Le ministre sait aussi que cette possible réforme aurait des conséquences pour les parents et pour de nombreux acteurs de la vie économique et sociale dans le nord du pays. Le calendrier scolaire a un impact certain sur la vie familiale. On entend dire souvent qu’il faut le temps aussi pour les parents des élèves de s’organiser en conséquence. Ensuite, il y a des pans entiers de la vie économique et sociale – le secteur du tourisme par exemple – qui redoutent ce changement. Et tout changement aux yeux de nombreux Flamands entraîne une part d’incertitude. Certains disent : “On sait ce qu’on a maintenant, on ne sait pas ce qu’on aura après.”
Un débat de fond
Le ministre répète que la décision de changer le calendrier des vacances scolaires doit être prise dans le cadre d’une vaste consultation avec plusieurs acteurs tels que les associations de parents , les coupoles d’enseignement, les acteurs de la vie économique, les mouvements de jeunesse… Surtout, Ben Weyts ne veut pas que cette réforme tire vers le bas la qualité de l’enseignement qui, selon lui, doit impérativement s’améliorer.
Par le passé, certains experts se sont montrés favorables à une réforme du calendrier suivant le modèle francophone. Ainsi, le professeur Dirk Van Damme, qui travaille comme expert à l’OCDE, plaide pour un raccourcissement des vacances d’été. D’après le pédagogue, une pause scolaire de plus de six semaines est néfaste pour les prestations des élèves, et notamment pour les plus défavorisés d’entre eux.
Contacté par La Libre, le professeur Wouter Duyck, vice-président de la Nederlands-Vlaamse Accreditatie Organisatie (NVAO), se dit aussi favorable à une réforme du calendrier scolaire en Flandre. Pour ce spécialiste en psychologie cognitive, Flamands et francophones auraient pu convenir d’un timing pour décider ensemble d’une réforme du calendrier scolaire, “une occasion manquée… ” Notre interlocuteur comprend toutefois que, dans le contexte actuel de la crise sanitaire, une décision concertée était difficile. Une décision flamande qui tomberait à la fin de l’année scolaire en cours (juin 2022) serait souhaitable, estime M. Duyck. La réforme pourrait alors entrer en vigueur dès l’année scolaire 2022-2023. Entre-temps, il faut lancer le débat avec les parties prenantes en prenant son temps. “Rien ne sert de décider à la va-vite” , assure Wouter Duyck qui, sur ce point, rejoint la position du ministre Ben Weyts.
Jacques Hermans
Jacques Hermans ■
Verschenen in la Libre Belgique, 15 september 2021, PDF